Vendredi28 Mars 2008 21h20 HL St Denis de la
Vendredi
28 Mars 2008 21h20 HL St Denis de la Réunion
Mais la vague, comme le dit Patrick dans Point Break, ça se mérite(ouè, je sais, références, tout ça tout ça...)
La
France est un drôle de pays; à la pointe de tout, sauf de la
modernité... A moins que ce ne soit un vieux contentieux exclusivement
lié à ces morceaux de France épars où l'intérêt est ailleurs... Une
sorte de petite punition passive?...
Mais j'ai fini par trouver THE SPOT!!! Café Roland Garros, où j'ai prie un ace d'entrée de jeu...:
Je me dis la pauvre, aveugle et travailler comme ça, c'est pas une vie.....
Après
ce premier set perdu sans grande résistance, les légendes restent des
légendes... Je suis enfin installé, fiers comme un ramasseur de balles
de la finale d'un grand tournoi du même nom que mon tombeur.
Mon i Pod sur les oreilles, mon i Mac sur la table, un stylo, un
carnet, mon i Demi, une barbe naissante. Je me sent un peu comme un
moderne Hemingway. Le Hemingway du pauvre au pays des noix de coco...
Et je me marre tout seul...Un infructueux appel à la rencontre... La
solitude sera un rude apprentissage, mais aussi un très excitant
challenge......
Je
suis en train de me prendre une mine de rien à la terrasse du R-G et
cela m' amuse beaucoup. Et pour seule compagne, cette solitude nouvelle
que je commence à trouver, en fait, très agréable.
Je me dis que je devrais retrouver les tombes de mes
ancêtres, toutes ces conneries auxquelles je n'aurais jamais pensé en
métropole. Je regarde discrètement la jolie fille qui est à ma gauche
et je la soupçonne d'être amoureuse... Non,non, pas de moi... Mais de
sa collègue de bureau qui déjeune juste en face d'elle...
J'ai du Chopin dans les oreilles et je m'imagine en
archétype du voyageur moderne, je trouve ça ridicule et très excitant,
comme les retours de boîte de nuit "accompagnés"...
La
ronde des serveurs métis ressemble décidément à une improbable finale
SAMPRAS-Mc ENRO . Légers, puissants et subtiles. J'adore l'état dans
lequel je me trouve. Entre mélancolie et surexcitation.
La fatigue se fait sentir, et je me dis, en
explorateur novice de ma consciente solitude, qu'une petite marche à
travers ce désert urbain ne pourra me faire que le plus grand bien...
Qu'une ville vous regarde le jour, vous séduit le soir et parfois vous
viole la nuit vous laissant seul et désemparé au petit matin... Je suis
encore fragile, et vais m'arrêter au stade de la séduction...
Je remonte la rue Juliette Dodu où je ne croise pas un
chat, excepté un convoi d'une dixaine de jeunes filles ne dépassant pas
la vingtaine, mais atteignant, pour chacune, le quintal... Je rigole
dans ma barbe de traveler(je sais c'est pas beau de ce moquer, surtout
des filles, noires, grosses, heu... Et moches. Mais moi j'y suis pour
rien!) et je me dis que cette rue porte bien son... Et comme je ne peux
partager cette blague super pourrite avec personne, j'ai l'air con.
Leurs regards en disent long sur la considération qu'elle me portent en
ce grand moment de solitude... Je feins de les ignorer, mais ce sont
désormais elles qui gloussent au moment où je rate la marche du
trottoir. deuxième set gagné par la Réunion... Je fuie sans me
retourner, de crainte d'être moqué à distance... Encore quelques mètres
et je serais en terre promise, ma chambre......
Arrivée à l'hôtel, la porte est fermée, avec le
décalage horaire, j'ai bien peur de ne pas avoir vu passer le temps.
Une jeune femme viens m'ouvrir, Sourire en biais.:
Alors
je fais le mec sympa, un peu embarrassé et j'essaye d'engager la
conversation, mais je sent que ça la gonfle. Je me dis que ça sent le
sapin ce match, Que je vais me prendre un 3 set 0 et que ma solitude et
moi n'allons pas arrêter de nous rejouer le match. Et soudain,
certainement par convenance, elle me demande avec son p'tit accent
créole
Vent
de panique... Sa peau caramel, Son sourire d'ivoire,sa bouche couleur
châtaigne, ses effluves de vanille ou de noix de coco... Cette question
surprise... Je suis déstabilisé. Ca ressemble à un revers smashé en
guise de balle de match. Sous les palmiers, j'avais oublié que les
codes restent les codes...
Je
sent, avec étonnement, que mon ton évasif et hésitant me donne un
parfum de mystère, de secret... Que dire? Que faire??? Alors je lui
sort le premier truc qui me passe par la tête.
J'ai
honte, mais c'est trop tard, je ne peux plus faire marche arrière. Je
vois son regard qui s'illumine, sa curiosité qui s'anime, son corps
tout juste tiré du sommeil qui reprend vie, ses épaules qui se
redressent, sa main avec une soudaine délicatesse qui balaye ses
cheveux charbon sur sa nuque, comme pour mieux me faire découvrir les
traits de son visage adulescent... J'ai encore plus honte... Et la elle
rajoute toute excitée:
Je manque de m'étouffer dans mon rire que je retiens de peur de
perdre la face. C'est bien la première fois qu'on me fait ce genre de
blague...
J'ai du mal à supporter la honte qui m'accable, et mon rire qui
risque d'exploser d'un moment à l'autre est une bombe à retardement.
Je prend l'escalier qui mène à ma chambre, un sourire au lèvres,
une conscience d'enclume et une question qui me hante.... Pourquoi???
Pourquoi, me suis je laissé embarquer dans cet abracadabrantesque
mensonge de convenance? Alors je me questionne sur ma condition, la
sienne, le rapport au fantasme... Les mécanismes précaires qui nous
aident à trouver la vie jolie, imaginative, impromptue.... Et je me
pardonne comme je peux cette petite omission pas si terrible... Mon
esprit d'escalier m'ayant mené jusqu'au troisième sans que j'ai le
temps de réaliser l'effort.... Chambre 304, comme la voiture de papa à
l'époque où j'étais encore vierge... Un petit sésame, et mon lit
m'ouvre ses draps.
Je me glisse avec retenue dans ce qui sera ma couche, comme ci le fait
de défaire cet immaculée conception du travail bien fait était une
offense inconsciente de plus à la gentillesse et la crédulité
d'Hernestine... Putain d'culpabilité!!!
Soudain, dans le sommeil qui commence discrètement son travail de sape, un éclair de lucidité me transperce.
J'SUIS UN MYTHO!!!!!!!!!
Ca
y est, j'suis un mytho, je l'assume, et en plus, je prend conscience
que c'est un super passeport pour la rencontre et les voyages. Que l'on
peut avec deux silences réinventer sa vie comme ils la rêvent... Ca
craint!
Alors à l'avenir, je me promet d'être prudent....